La légende de Saint-Veran

Au VIe siècle un dragon ravageait la région de Cavaillon.

Cette Coulobre était une créature ailée qui vivait dans l’exsurgence de la Sorgue. Elle s’unissait avec des dragons qui l'abandonnaient ensuite, la forçant à élever seule les petites salamandres noires tachetées d'or dont elle accouchait.

Le monstre cherchait désespérément un nouvel époux mais sa laideur repoussait tous les prétendants.
'' Outre son énorme grosseur, il était tout couvert d’écailles impénétrables à toutes sortes de traits ; son dos bigarré d’une multitude de couleurs jetait une lueur effroyable ; ses yeux rouges et étincelants ressemblant à deux soupiraux d’une fournaise ardente, et quand il ouvrait sa gueule pour hurler, on en voyait sortir une haleine fumeuse qui faisait juger de loin qu’il vomissait des flammes » Les gens de la région, effrayés, demandèrent à l’évêque Véran de Cavaillon de les délivrer de ce monstre… Chanoine François Mathieu, 1665''

On disait que cet évêque était pourvu de grandes vertus en sorte que, souvent, avec la grâce de Dieu bien sûr, il guérissait les malades par un signe de croix (ce n’est malheureusement pas le cas de notre Veran d’aujourd’hui !)
Cavaillon-Cathédrale-Mignard-Pierre.jpg, nov. 2020
Saint Veran, peinture de Pierre Mignard dans la cathédrale de Cavaillon.

''Muni du signe de croix, Véran s’avança dans la caverne, commanda au dragon de venir se présenter devant lui. L’animal sortit et vint se coucher à ses pieds. Le prêtre l’épargna mais l’enchaîna et le traîna jusqu’au pied du Luberon. Là, lui ordonnant de quitter la région et de plus faire de mal aux habitants et à leurs bêtes, il lui rendit la liberté. Chanoine François Mathieu, 1665''

La bête immonde s'envola vers les Alpes où elle s'en fut mourir.
Le village de Saint-Veran aurait été son lieu de chute. Le monstre se trouve d'ailleurs statufié sous le porche de l'église.

Mais la tradition dit que c’est en fait Pétrarque (cf le billet du 19/11/2020 sur la peste de 1347) qui la chasse quand elle s'est attaquée à sa Laure ! La moindre des choses !
Notons à ce propos que Sophie Bentin-Féraud, notre intervenante en histoire de l'art, nous parlera de Pétrarque au cours du premier trimestre 2021 !

Selon une tradition immémoriale, Saint Veran fut inhumé dans l’église de Fontaine-de-Vaucluse qui lui est dédiée et qui conserve encore le sarcophage mérovingien qui paraît être son tombeau : il a dans sa main un parchemin de son cru en occitan qu'on essaie encore de déchiffrer : on y parlerait d'une méchante sorcière, La Buzin, et d'un virus pestiféré le SARS CoV2 mais ce n’est pas attesté ?
Ses reliques ont été transférées dans la cathédrale de Cavaillon en juillet 1321, en présence de Pétrarque.

Il est à signaler qu’à Fontaine-de-Vaucluse, en remontant le sentier qui mène à la source, on croise le Traou dou Couloubre.
On y voit, avec juste raison, le symbole de la lutte de l'évêque contre les anciens cultes. La falaise dominant la fontaine où se trouve encore la Vache d'Or, devait être le lieu d'un antique culte pastoral célébrant la force et la forme de l'eau et de la pierre.

Sur une idée, et avec la collaboration de Gilbert Edelin