Testament chez Me Honoré BERNARD, notaire à Grasse
Le 27 mars 1580, Guillaume GAUSENT marchand de Grasse sain de son corps lègue à Barnabelle CAVALLE sa femme toutes ses robes, accoutrements, joyaux qu'il lui a fait ensemble et 3 anneaux d'argent qu'il dit avoir en gage de quelques personnes pour en faire à son plaisir,....
Un peu plus loin :
Fait ladite CAVALLE tuteresse de Jehan son fils et jusqu'à ce qu'il soit d'âge de vingt ans, devra le nourrir, entretenir honnêtement selon la faculté de son dit légat et le fera aller à l'école pour apprendre tel art qu'il voudra durant le temps au bout duquel elle lui remettra tout ce qui est dessus,...
A la fin du testament, le notaire écrit :
Les témoins sachant écrire ne se sont point soussignés, ni approchés de moi, ni moi d'eux, pour raison de la peste contagieuse régnant à Grasse.

Il est indiqué dans un codicille que le testament a été écrit dans la vigne de Monet MERCURIN.

Grâce à ces précautions, Guillaume GAUSENT a échappé à la peste...

Le Triomphe de la mort (Prado, Madrid, 1562, 117x162 cm) de Bruegel l'ancien témoigne de l'influence de Bosch.

Ci-dessous, un extrait de « La grande peste de 1580 à Cannes », article de Robert Jeancard, in Provence Historique 1951 :
C'était un mal bizarre commençant par la coqueluche et finissant par une consomption qui vous enlevait au bout de six jours.
Aussi, se défiait-on de tout le monde et prenait-on les précautions les plus minutieuses : le registre nous montre les pestiférés dictant leur testament de la fenêtre ou de la porte de leur maison, voire de l'écurie où ils se sont réfugiés. Les témoins lettrés refusent de signer por ne s'infester de peste qu'est en ce lieu
Les confessions comme les testaments doivent se faire à distance, l'on tient le milieu de la rue pour éviter le moindre frôlement des objets qui encombrent les bordures ou qui tombent des fenêtres. Pour plus de sûreté, les vêtements flottants, capes ou soutanes, ont dû être abandonnés. Les règlements d'argent s'opèrent en versant les écus et les pinatelles, dans une écuelle pleine d'eau acidulée. Les parents, les amis, se saluent de loin, sans oser se parler. Depuis longtemps déjà l'eau bénite a disparu des bénitiers ...

Marie-Christine et Roland Haussy