« Lire et relire Giono, c’est mordre la source. C’est une histoire d’amour qui ne finirait pas.
Un homme regarde une femme.
« D’ici je la vois. Je vois sa nuque toute ronde comme celle des petits agneaux et ce beau paquet de feuilles rousses qui sont ses cheveux. »
C’est au vif, peau à peau. Au plus doux et à cru.
Un homme regarde une femme, elle s’appelle Sylvie ;
c’est le titre d’une nouvelle de Jean Giono, publiée dans « Solitude de la pitié », qui commence avec les mots du désir et s’achève dans le silence.

« Et moi je suis là dans l’herbe à la regarder ; je suis tout enfoncé dans les herbes jaunes. Elle ne me voit pas. Elle ne peut pas me voir. Elle ne me verra jamais. Moi, je la vois. » Tout est là. Le monde entier est là, dans le regard, dans la caresse du regard sur la nuque, dans l’attente nue.
Le texte fait corps avec le monde, me lie et me relie au monde, moi, qui lisant et relisant, mords la source, hume le suint des agneaux et le goût des cheveux roux noués sur la nuque ronde de Sylvie. »

Dernier roman paru de l'auteure : « Histoire du fils » (Buchet-Chastel).