Ô rage ! Ô désespoir ! Ô virus ennemi ! N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ? Et n’ai-je si longtemps ardemment travaillé Que pour voir en un jour fleurir tout ce merdier ? Mon ardeur au travail tout aussi bien qu’à vivre, Mon ardeur tant de fois acharnée à construire, Tant de fois dévoyée à acheter chinois, Trahit donc ma querelle, et ne fait rien pour moi ? Faudrait il renoncer à être, simplement, En quête constamment d’un épanouissement ?

Ô cruel souvenir : on pouvait s’embrasser Sans craindre de mourir , s’aimer, se caresser, Se rencontrer aussi, mais tout est dépassé ! Œuvre de tant de jours en un jour effacée ! Ô coronavirus fatal à mon bonheur ! Objet insignifiant aux effets destructeurs ! Faut-il te laisser faire et en payer le compte Ou vivre confiné, ou masqué dans la honte ?

Toubib, sois de nos vies l’ultime défenseur ! Combats la pandémie fatale à nos bonheurs, Combats ce qui détruit par un affront insigne, Au hasard, toute vie admirable ou indigne. Les gens feront de toi leur amour passionnel : Tu seras quelques mois leur héros éternel… Va, donne désormais au dernier des humains Un espoir de revivre : il est entre tes mains."

Par Gilbert Edelin poète, musicien, comédien amateur